L’eau et les sols

Consulter le diaporama de Jean Pierre Dautais Protégeons la biodiversité à Basse Goulaine présenté à la réunion publique du 23 février 2024

Le bassin versant de la Goulaine

Nous sommes situés sur le bassin versant de la Goulaine qui prend sa source à la Renaudière, traverse les Marais de Goulaine et va se jeter dans la Loire. Sur le territoire de la commune de Basse Goulaine, deux ruisseaux notables : le Launay Sillay qui se jette dans la Goulaine et la Patouillère. Ces deux ruisseaux souffrent de différentes dégradations de leur lit. (interview à venir Joseph Champain).

Des zones humides abondantes, mais…

La Loire-Atlantique est le département de France doté des trois plus grandes superficies de zones humides : le Lac de Grand Lieu, la Brière et les Marais de Goulaine, zones d’une très grande biodiversité.
Malheureusement, la qualité des eaux dans notre département est en revanche une des plus basses sur le plan national. Selon le représentant de la Fédération Pêche et Défense des Milieux Aquatiques 44 interrogé lors du débat qui suivait la projection du film La Rivière, seul 1% de ces eaux sont d’une qualité acceptable au regard des niveaux tolérés de pollution (la moyenne nationale est de 22% ! ). C’est une menace pour la biodiversité (chute des populations d’espèces aquatiques, en particulier du brochet dont les Marais de Goulaine constituent la plus grande frayère en France) en même temps qu’un problème de ressource et de santé publique.

Mortalité massive de poissons dans les Marais de Goulaine

Le 2 juillet dernier, nous apprenions par un article très documenté de l’Hebdo Sèvre et Maine, la mort soudaine de centaines de poissons dans les Marais de Goulaine. Merci à Hervé Pagereau, rédacteur en chef du journal de nous avoir communiqué les photos ci-dessus. Cet article est consultable sur le site du journal. Cette catastrophe, récurrente d’après les habitués, est liée à des niveaux d’eau exceptionnels, et on peut y voir une des conséquences destructrices du changement climatique. La fédération de pêche de Loire-Atlantique confirme le caractère exceptionnel de cette hécatombe : si les épisodes de mortalité sont récurrents dans le marais de Goulaine, l’hécatombe du 27 juin dernier est l’une des plus importantes « des 5-10 dernières années ». Nous reproduisons ci-dessous, avec l’aimable autorisation de l’Hebdo un extrait de l’article sur les raisons de ce phénomène.

Un cumul de facteurs est à l’origine de cette mortalité. Le premier est lié à la politique des niveaux d’eau : des opérations de vidange touchent le marais de Goulaine à partir de mai. En reculant, les eaux plus stagnantes chargées de matières organiques, créent un déficit en oxygène plus ou moins important selon les années du fait des conditions météorologiques et du contexte hydrologique.

Pour dégrader cette matière organique, les micro-organismes, les bactéries se développent et s’activent en consommant de l’oxygène. Avec un niveau d’eau plus élevé en raison d’importantes et régulières précipitations, un phénomène de pourrissement de la roselière a accentué l’anoxie, l’insuffisance d’apport en oxygène.« L’ensemble du marais a été touché, L’eau est toute grise, toute marron, chargée de matières organiques. Et tout cela est accentué par les écrevisses* qui brassent les sédiments ».

Les pluies et les derniers orages ont amplifié le phénomène. Les eaux ont ruisselé, lessivant les terrains et amenant dans le marais des matières chargées en produits. Les températures élevées, en milieu de semaine dernière, ont été un facteur supplémentaire à l’asphyxie les poissons.
Autre et dernière explication, le Syloa, syndicat qui gère le marais de Goulaine, rappelle aussi que les hauts niveaux d’eau, plus élevés, inhabituels à cette période de l’année, ont empêché les mouvements qui permettent de faire rentrer de l’eau de la Loire dans le marais.
* il s’agit des écrevisses de Louisiane, espèce invasive qui est en passe d’évincer totalement les espèces endémiques.

Agir pour préserver l’eau en quantité et qualité

Même si la presse est parcimonieuse sur la question ( il ne faut pas inquiéter l’usager), on sait que l’été austral a été dramatique cette année en Asie et Amérique du Sud : 1,5 millions d’habitants privés d’eau potable à Lima capitale du Pérou, graves pollutions et baisses jamais atteintes des étiages des grands fleuves Amazone et Rio Grande. 

Autre conséquence du changement climatique, et a contrario : les pluies excessives que nous subissons dans nos régions, ont pour conséquence ici, en raison de réseaux d’eau trop anciens et inadaptés aux volumes entre autres, la saturation des stations d’épuration et une pollution grave de la Loire.

À un niveau individuel, installer des cuves de récupération de l’eau de pluie, ( ce permet d’arroser les jardins sans pomper sur le réseau communal, refuser l’artificialisation inutile des sols (goudronnage ou bétonnage), qui empêche les nappes phréatiques de se remplir suffisamment. Réfléchir à l’usage abusif de certains outils de nettoyage comme le karcher, etc.

Au niveau communal, il est de notoriété publique que les réseaux d’eau à Basse-Goulaine sont saturés. Ils n’ont pas été rénovés depuis les années 60. Or, dans l’intervalle la population a quasiment quadruplé (de 2500 habitants à 9500.) Les normes actuelles de construction exigent que les écoulements des eaux pluviales et usées soient séparés. Mais cette séparation au niveau des habitats est inefficace si elle n’existe pas aussi dans les réseaux collecteurs.

Au niveau de la métropole ou du département, il n’existe pas de réflexion pour le collectage des matières organiques comme solution de remplacement aux intrants chimiques dans l’agriculture. Pour l’instant celles-ci sont essentiellement utilisées à des fins de chauffage (méthanisation). Lire à ce propos notre page Victor Hugo et les toilettes sèches.

Il semble que les décisions soient diluées entre différents niveaux institutionnels (Comité de l’eau, Métropole, SAGE : schéma d’aménagement et de gestion de l’eau, décidé par le CLE — comité local de l’eau — en accord avec les préfets), et que la transparence ne soit pas toujours au rendez-vous. Certes, les propositions de la Métropole sont disponibles au public, mais les documents (PLUM, propositions des zones d’aménagement d’énergies durables, protection des zones humides etc.) sont d’une telle complexité qu’il faut un œil d’expert pour les lire et les comprendre.