Victor Hugo et les toilettes sèches…

En 1850, Victor Hugo écrit dans « les Misérables » plusieurs chapitres consacrés aux égouts de Paris. A l’époque, Paris compte 1,2 million d’habitants. Bien sûr, ce ne sont plus des tombereaux maniés par les vidangeurs (photo au bas du texte) qui charrient la nuit ce qui remplit aujourd’hui nos égouts. A l’époque, différence notable, les déchets humains n’étaient probablement pas mêlés à des métaux lourds, antibiotiques et autres produits pharmaceutiques divers, mais ils ne partaient pas non plus dans l’eau potable. Ce texte aborde par un seul aspect un problème complexe qui fait se croiser de multiples questions : l’économie de l’eau potable, la gestion des déchets humains organiques. Il a le mérite d’interroger la perte d’une ressource fertilisante qui ne fait pas l’objet d’une réflexion systématique, et pour nous aujourd’hui l’usage d’énormes quantités d’eau dépensée inconsidérément quand nous allons manquer de cette ressource. Peut être le grand écrivain aurait souri à voir les milliards dépensés pour rendre la Seine « nageable » ? Le passage ci-dessous est extrait du chapitre La mer appauvrit la terre, vers la fin du Tome II.

Le froment chinois rend jusqu’à cent vingt fois la semence. Il n’est aucun guano comparable en fertilité aux détritus d’une capitale. Employer la ville à fumer la plaine, ce serait une réussite certaine. Si notre or est fumier, notre fumier, en revanche, est or. Que fait-t-on de cet or fumier ? On le balaye à l’abîme.
On expédie à grand frais des convois de navires, afin de récolter au pôle austral, de la fiente des pétrels et des pingouins, et l’incalculable opulence qu’on a sous la main, on l’envoie à la mer Tout l’engrais humain et animal que le monde perd, rendu à la terre au lieu d’être jeté à l’eau, suffirait à nourrir le monde.

Ces tas d’ordures au coin des bornes, ces tombereaux de boue cahotés la nuit dans les rues, ces affreux tonneaux de la voirie, ces  fétides écoulements de fange, savez-vous ce que c’est ? C’est la prairie en fleurs c’est de l’herbe verte, c’est du serpolet et du thym et de de la sauge, c’est du gibier, c’est du bétail, c’est le mugissement, satisfait des grands bœufs le soir, c’est du foin parfumé, c’est du blé doré, c’est du pain sur votre table, c’est du sang chaud dans vos veines, c’est de la joie, c’est de la vie. Ainsi le veut cette création mystérieuse qui est la transformation sur la terre et la transfiguration dans le ciel. Rendez cela au grand creuset. : votre abondance en sortira. La nutrition des plaines fait la nourriture des hommes.
Vous êtes maîtres de perdre cette richesse, et de me trouver ridicule par-dessus le marché. Ce sera le chef-d’œuvre de votre ignorance. »

Ci-contre un vidangeur parisien au XIXème siècle

Petit problème de mathématiques : Une personne consomme en moyenne dix litres d’eau potable qui partent chaque jour du réservoir de sa chasse d’eau. Calculez en m3 la quantité d’eau dépensée par an de cette manière dans une agglomération d’environ 300 000 habitants, comme celle de Nantes.

Aujourd’hui… les radis-actifs

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